Page:Renee-Dunan-Galantes-reincarnations 1927.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 34 —

Agnès, offusquée, sentit la colère lui venir, je le devinai. Elle me prit d’une main irritée, me replia et me remit dans ma boîte en murmurant avec âpreté :

— Madame, je ne sache pas que le marquis d’Escoupine vous ait reproché les défauts de « tissage » de votre peau…

— Que voulez-vous dire, ma chère ? questionna Palmyre.

— Rien plus que ceci : vous avez bien certaine fraise large d’une main sur la croupe, au mitant de la fesse droite, c’est-à-dire fort visible et disgracieuse. Est-ce que M. d’Escoupine vous demande un rabais pour ce que vous lui vendez ?

Palmyre avait rougi. Mais il est toujours mauvais que vos secrets soient aux mains de ces petites marchandes caqueteuses, qui en font des gorges chaudes, et vous discréditent près des amants de demain.

Il venait beaucoup de gentilshommes, chez cette Agnès. Force était donc à une femme vivant un peu de sa danse, mais bien plus de ses charmes, d’amadouer l’irascible lingère. La souriante Palmyre se contraignit alors à répondre en plaisantant :

— Oh ! Agnès, pour du rabais, le marquis en a à revendre, et il m’en offre plus que je n’en voudrais.

Tout le monde se mit à rire, d’autant qu’un geste explicatif, dépourvu de toute équivoque, soulignait la teneur de ce rabais.

Les petites pucelles encadrant Agnès gloussèrent de joie en se regardant, et la plus jeune, avec la plus virginale figure du monde, souligna que pour elle, son amant s’attestait plutôt à la hausse…

Là-dessus, Palmyre O’Nana paya huit écus et m’emporta.

Comme ma maîtresse allait monter dans son carrosse devant deux laquais inclinés, glabres et passementés,