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Ce disant Agnès, délicieuse marchande de lingeries et fanfreluches, voulant tenter Palmyre O’Nana, la danseuse amie du digne marquis d’Escoupine, me passa la main sous la peau et m’étendit sous le regard bleu de sa cliente, car le jupon de dix écus, — réduits à huit — c’était moi.

Sur un comptoir de chêne poli, des soieries frissonnaient


— Je trouvai alors place sur un vaste canapé (page 23).

comme des chairs émues. Un parfum de pamoison flottait partout. À droite et à gauche de la belle Agnès, deux petite futées regardaient la scène avec des mines de chat dont on caresse l’échine.

J’étais donc revenue à la vie un beau jour, et dans ces heureuses circonstances, sous des espèces juponnières.

Cependant, Palmyre O’Nana, avant de se décider à me payer huit écus, voulut m’admirer un peu mieux. Elle me plia, me tapota et me glissa une main odorante partout. Elle crut enfin m’avoir découvert un défaut et dit :

— Tenez, Agnès, voyez ici ! Comme c’est mal tissé cette soie. Décidément, j’ai eu tort de vous en offrir sept écus, Cinq auraient suffi.