Page:Renee-Dunan-Galantes-reincarnations 1927.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 32 —

Mais vous êtes fol de m’étreindre ainsi. Vite, la ceinture. Vous êtes venu pour me la faire mettre…

La lutte continua un instant. La finaude faisait tout son possible pour rendre son mari délirant de désir. Lui ne savait déjà plus où il en était. Enfin, lui parlant à l’oreille, elle le questionna. La face empourprée, il acquiesça à tout. Elle sonna, nue encore, et quasi possédée, mais la pudeur n’était point son fort. Une soubrette vint.

— Marie, prenez cet objet, là, sur la table. Oui, allez à la cuisine, cassez-le à coups de marteau et courez vite le vendre au chiffonnier, à l’angle de la rue Pute-y-Musse.

— Mais… dit le baron plus qu’aux trois quarts vaincu.

— Taisez-vous, chuchota la baronne, ou je me retire.

Et le baron se tut, loin du monde, comme perdu dans le Sahara des voluptés.

Cinq minutes après, ma vie était accomplie. J’avais été gardienne, des chastetés par hypothèse et encore moins d’un jour…


viii


— Madame, c’est dix écus.

— Dix écus pour ce petit bout de soie que vous baptisez jupon.

— Dix écus, madame, parce que vous êtes charmante, parce que cette couleur gorge-de-pucelle vous siéra miraculeusement, parce que…

— Ah ! ça, demoiselle Agnès, vous me faites payer aussi vos compliments. Mettez-en un peu moins et que ce soit sept écus.

— Sept écus, mais, madame, ce serait ma ruine ! Il ne me resterait plus qu’à mourir ! Sept écus… Tenez mettons huit ?