Page:Renee-Dunan-Galantes-reincarnations 1927.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 30 —

d’avoir ensemble deux vertus fâcheuses : les bois et la chance au jeu.

La femme avait rougi, mais impassiblement elle continua :

— Si vous vouliez, Monsieur, vous exprimer autrement que par énigmes, je vous en aurais grande obligation.

L’autre reprit :

— Vous faites la mijaurée, Madame, mais je sais toutes vos fredaines et me suis promis que vos amants ne viendraient plus chevaucher sur mes biens. Ils regarderont la terre promise, s’ils veulent, mais ce sera tout. Ceci est une ceinture de chasteté. Vous allez immédiatement vous dévêtir et l’endosser (j’allais dire un autre mot). Faites vite, car je suis attendu chez le Roi.

La jolie blonde haussa les épaules.

— Vous êtes fou, Monsieur !

Écumant, le baron hurla :

— Ah ! je suis fou ! Eh bien, Madame, je vous dis que dans dix minutes, vous allez posséder cette courtine autour des charmes secrets dont vous faites si cavalièrement (c’est le mot) goûter l’agrément à des galantins. Faites-le, ou, par la papesse Jeanne, je vais quérir mes pistolets et vous étends roide sur ce sopha témoin d’autres morts provisoires et insupportables à un époux d’honneur. Choisissez, ou la ceinture ou la pistolade !

La femme se leva avec ironie.

— Essayons donc votre tortue, Monsieur. Dieu qui m’a fait votre épouse veut aussi que je fasse votre volonté, surtout lorsqu’il appert — c’est le cas — qu’une apoplexie vous menace, dont je veux éviter le remords.

Elle se mit donc nue, en gestes précieux, lents et maniérés. Cela faisait bouillir de rage l’époux sinistre et guindé, qui la regardait sans joie, mais n’osant rien dire, de crainte qu’elle revint sur son acceptation. Lorsque