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pratiquée une petite ouverture faite de deux ogives opposées. Les bords en étaient relevés à l’extérieur, de sorte qu’aurait été mal inspiré le personnage ayant idée d’y porter le doigt. Quand cet orifice élégant fut parfaitement harmonieux, il y traça au burin quelques courbes gracieuses puis vint à l’opposite. Là, un autre trou avait été fait, mais rond, celui-là, et garni tout autour de pointes aiguës, comme si l’on avait craint un assaut. Que pouvaient bien signifier tous ces détails. Je me devinais un objet estimablement précieux, mais à quel usage, Seigneur ?

Lorsque le soir tomba enfin, on m’abandonna. Je fus soigneusement enveloppée d’une serge rouge, mise dans une armoire, et je me pris à réfléchir sous l’excitation de la curiosité.

À côté de moi, somnolaient d’étranges objets, car, je le devinais, mon actuel possesseur et fabricant était orfèvre. Je vis ainsi un ex-voto d’or très curieux. Il y avait, gravé dessus en latin : en conséquence du vœu qu’a fait Jacqueline Guiboquet, miraculeusement guérie. De quoi avait été guérie Jacqueline Guiboquet ? Il ne me fallut pas longtemps pour le deviner, car la partie malade avait été reproduite en ronde-bosse, au centre de l’ex-voto. Sans nul doute, la reconnaissante personne souffrait-elle naguère d’hémorroïdes…

Je vis également un bibelot ciselé représentant une cravache et deux étriers, et on avait gravé dessus à l’eau. forte : Après dix ans de mariage, offrande symbolique d’une épouse bien montée à son écuyer d’époux. Ce discret et charmant cadeau me rappela de chers souvenirs, grâce à quoi je faillis pleurer. Hélas ! que n’étais-je encore en mesure d’offrir de tels témoignages à un cher amant ! Mais il me fallait solder désormais à Satan le prix de mes incrédulités.

Et toujours je demandais aux bibelots voisins : « Savez-