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fille, car je remarquai bien qu’en présence de l’adolescente elle cessait de me quérir au lieu sagement protégé que j’avais élu.

Hélas ! trois fois hélas ! à ce moment-là entra l’époux. Il embrassa, à ce que je compris, sa progéniture et l’expédia illico, puis…

Puis quelques minutes après, alors que je m’y attendais le moins, je me sentis à demi broyée, comme si j’étais entre un marteau et une enclume. Je voulus fuir, trop tard ! Au troisième coup d’assommoir, ma vie s’évapora et je me retrouvai à la disposition du diable qui devait à nouveau ne pas me rater…


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Certes, la métempsycose est une réalité admirable. Elle aide à comprendre les choses du monde et fait voyager utilement, sinon en des lieux très variés, du moins sous des espèces fort différentes. On se trouve tantôt baignoire et tantôt plumeau, épingle-neige ou ophicléide. Soit ! Mais est-ce un sort que de se découvrir savonnette ? Ce n’est pas, bien entendu, que je voie rien d’humiliant dans le fait lui-même. D’ailleurs, je devins une savonnette de luxe. Ma maîtresse était jeune et jolie, et ce me fut un plaisir que d’aider à polir et parfumer les coins les plus secrets de son joli corps. Mais, savonnette, on semble, le premier jour, grosse comme ça, le second, un peu moins, et le cinquième, on n’est plus rien du tout.

En plus, il faut bien l’avouer, on garde toujours de l’estime pour les objets de durée, mais on se moque par trop de ceux dont la vie est une petite mort… Si je mourus jeune comme caleçon, cela tenait à mes vertus aphrodisiaques et on peut s’en énorgueillir. Tout le monde n’est pas excitant, fichtre ! Je succombai donc, caleçon, sur