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Et la nécessité d’en trouver une se manifesta tout de suite, car l’enfant, qui m’avait entr’aperçue, quitta son ami le félin-orgue, et courut dans la maison en criant :

— Maman, j’ai attrapé une puce !

Elle vint ainsi à une vaste chambre où, couchée, une belle dame somnolait, qui dit :

— Suzon, va-t’en, si tu me la donnais, ta puce ?

L’adolescente rétorqua :

— Oh ! toi, tu la trouverais vite, mais moi j’ai peur de ces bêtes-là…

La mère fut certes émue. Elle consentit donc à garder son enfant empucée, mais afin de conserver aussi sa quiétude, elle ordonna :

— Je vais te la tuer ta puce. Déshabille-toi !

Ainsi ma vie se trouvait soudain menacée. Ah ! maudit m’apparut le moment où j’avais quitté la toison de mon ami chat, pour obéir à cette rage voyageuse qui me plaçait maintenant en terrain découvert, risquant la mort sans pardon. Je voulus gagner le lit et, de la jeune fille, fis un bond magnifique, une sorte de record du monde. Sitôt sur les draps, je me faufilai dans un repli et voulus attendre sans faire parler de moi.

Par malheur, on m’avait vue. Poursuivie, parmi les cris de mes chasseresses, je me ruai de-ci, de-là, essoufflée et désespérée, sentant ma fin prête, jusqu’au moment où, presque saisie, je me dérobai dans la chemise de la maman qui poussait des cris aigus.

Là, je n’aurais pu vraiment éviter de succomber si, oh bonheur ! je n’avais mis, oserais-je dire, la main sur une petite réduction intime, une sorte d’échantillon de la fourrure dans laquelle, sur mon chat, je m’étais trouvée jusque là si heureuse. Alors, immobile et bien cachée, j’attendis la fin du pourchas.

Peut-être eussé-je évité les malencontres qui vont suivre, si la maman que j’avais envahie fût restée avec sa