Page:Renard - Outremort et autres histoires singulières, Louis-Michaud, 1913.djvu/210

Cette page a été validée par deux contributeurs.
206
LA GLOIRE DU COMACCHIO

soulevé par une émotion voluptueuse. « C’est une merveille, maître, et vous voilà victorieux ! Sainte Madone, ah ! qui pourrait, dans toute l’Italie, muscler une académie avec autant de force et de délicatesse ! Voyez ! »

Le torse du sculpteur se gonfla puissamment. On aurait dit qu’il allait célébrer son génie et son triomphe par quelque fanfare surhumaine… On l’entendit souffler, puis déclarer sans trop de conviction :

— « Il faut avoir beaucoup disséqué. L’anatomie, tout est là. Disséquez ! Disséquez !

— « Vous voilà riche aussi », remarqua le petit Arrivabene, presque un enfant.

Mais Felipe Vestri :

— « Vous battrez demain les morts eux-mêmes, et d’abord feu Milanello, dont les crânes ont toujours été trop lourds et le modelé trop lisse ! Hein, Goro ? »

— « Pardieu ! L’Andromède de Cesare Bordone est plus belle que le Mercure de Milanello, plus belle que le Persée de Cellini, plus belle que… »

Furieux, Cesare l’arrêta :