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LE VIGNERON DANS LA VIGNE


mais possédé que celle-là et jamais il n’a pu la perdre. S’il me la donne, me suis-je dit, c’est qu’il désire que je m’en serve, et aussitôt j’ai prisé dedans.

— De sorte que tu prises non par goût, mais par respect pour la mémoire de ton père.

— Je n’ai eu aucun mal à m’y habituer, dit Robert. La première prise m’a été agréable ; c’est plus sain que le tabac à fumer et plus économique.

— Et tu fais plaisir à ton père qui est mort.

— Peut-être. Chaque fois que j’ouvre ma tabatière, je pense au vieux.

— Chaque fois ?

— Presque.

— Tu l’aimais donc bien ?

— Oui, dit Robert ; c’était un travailleur et un homme juste.

— Il ne t’a laissé qu’une tabatière en héritage ?

— Il me l’a laissée avec la maison paternelle.