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LE VIGNERON DANS LA VIGNE


Si je fais partir les perdrix, les branches de l’arbre m’empêcheront de tirer au vol, et j’aime mieux, en tirant par terre, commettre ce que les chasseurs sérieux appellent un assassinat.

Mais ce que je prends pour un col de perdrix ne remue toujours pas.

Longtemps j’épie.

Si c’est bien une perdrix, elle est admirable d’immobilité et de vigilance, et toutes les autres, par leur façon de lui obéir, méritent cette gardienne. Pas une ne bouge.

Je fais une feinte. Je me cache tout entier derrière la haie et je cesse d’observer, car tant que je vois la perdrix, elle me voit.

Maintenant nous sommes tous invisibles, dans un silence de mort.

Puis, de nouveau, je regarde.

Oh ! cette fois, je suis sûr ! La perdrix a cru à ma disparition. Le col s’est haussé et le mouvement qu’elle fait pour le raccourcir la dénonce.

J’applique lentement à mon épaule ma crosse de fusil…


Le soir, las et repu, avant de m’endormir