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LE VIGNERON DANS LA VIGNE


Ces perdrix, je les lève d’abord dans une éteule, puis je les relève dans une luzerne, puis je les relève dans un pré, puis le long d’une haie, puis à la corne d’un bois, puis…

Et tout à coup je m’arrête, en sueur, et je m’écrie :

— Ah ! les sauvages, me font-elles courir !


De loin, j’ai aperçu quelque chose au pied d’un arbre, au milieu du pré.

Je m’approche de la haie et je regarde par-dessus.

Il me semble qu’un col d’oiseau se dresse à l’ombre de l’arbre. Aussitôt mes battements de cœur s’accélèrent. Il ne peut y avoir dans cette herbe, que des perdrix. Par un signal familier, la mère, en m’entendant,les a fait se coucher à plat. Elle-même s’est baissée. Son col seul reste droit et elle veille. Mais j’hésite, car le col ne remue pas et j’ai peur de me tromper, de tirer sur une racine.

Çà et là, autour de l’arbre, des taches jaunes, perdrix ou mottes de terre, achèvent de me troubler la vue.