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TABLETTES D'ÉLOI


mande si elle sera mieux au fond d’un fauteuil que, libre et droite, sur une chaise.

— Reculez-vous, dit Éloi, vous me gêneriez.

Le poète Willem croise ses jambes fines, et le coude appuyé, les doigts aux moustaches qu’il va friser continûment, le visage à l’ombre, il ferme les yeux.

— Un dernier mot, dit Mme Willem. Suis-je obligée de rester tranquille, ou m’est-il permis, pendant la lecture, de communiquer mes impressions ?

— Je préfère le silence, dit Éloi.

Et il ajoute avec mollesse :

— À moins que ce ne soit plus fort que vous.

— Je me tairai. Partez ! dit Mme Willem.

On ne voit pas l’amie d’Éloi. Elle s’est cachée au flanc d’un meuble. Elle met les mains sur son cœur et elle souffre de manque d’air.

Éloi regarde M. et Mme Willem, leur sourit lâchement, baisse l’abat-jour, tousse et, d’une voix brisée, inconnue, pareille à une