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le péril bleu

Et il songeait :

« Ce n’est pas des hommes ; c’est impossible. Si légers ! sans cœur ! sans poumons ! Ce ne peut pas être des hommes, — même adaptés, que diable ! Le transformisme a des bornes… Alors, qu’est-ce donc ? »

Son imagination forgeait des créatures épouvantables et fabuleuses. L’idée de Marie-Thérèse ne pouvait que s’y mêler en d’infernales évocations ; et l’astronome se sentait de plus en plus tremblant à mesure qu’on approchait de la connaissance finale.

Par la brèche invisible, un aspirant de marine se glissa : M. Rigaud. Il descendit dans l’aéroscaphe en prenant toutes sortes de précautions. Il indiquait à voix haute les formes de ce qu’il rencontrait. Il allait et venait au milieu de l’air, d’une façon miraculeuse. On entendait ses pas circonspects, le toc-toc de ses doigts percutant les cloisons. Sa voix, peu à peu, s’étouffait. Il remontait et redescendait, contournait des infléchissements, semblait ouvrir des portes et des trappes, rampait au long de boyaux invisibles et suivait d’étroits corridors en se mettant de guingois. — On ne l’entendit plus ni parler, ni marcher, ni cogner. — Il poursuivit l’exploration du labyrinthe fantastique, et, subitement, pâlit et se livra aux gestes de la peur. Il s’était égaré. On l’apercevait à quelques mètres de soi, on croyait pouvoir l’atteindre d’un saut, et pourtant il était captif d’une geôle inextricable…

Des pompiers, se tenant par la main, firent une chaîne à travers le dédale, jusqu’à M. Rigaud. Il sortit de là pour ne plus rentrer, sinon, disait-il, avec une cordelette déroulée en fil d’Ariane.

C’est, du reste, au moyen de cet antique procédé que l’on put reconnaître toute la partie étanche de l’aéroscaphe où donnait accès le premier couvercle. Puis on enfonça les autres, jusqu’au cinquième exclusivement.

Le navire était divisé en alvéoles très nombreuses et très petites. Point d’escaliers, mais des plans inclinés. M. Martin-Dubois, de l’Institut, découvrit des caissons qui devaient être les airballasts, et, de ce fait que la plupart étaient pleins d’air, il déduisit la cause du naufrage, à savoir que la pompe refoulante n’avait plus fonctionné,