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Suite du Journal



La masse visible vers laquelle on me charriait sur une rampe serpentante dont la roideur inclinait mon plancher et faisait gémir les roues sous l’effort d’une énergie plus active, — la masse, la macule, la bastille, n’était pas une maison à claire-voie. Ce n’était pas une bonne, solide et visible maison comme il y en a sur terre. Bientôt mes yeux, si défectueux, virent que cette masse s’éparpillait en une quantité de petites masses distinctes qui, à la clarté crue du ciel noir, me parurent violemment blanches et noires. Ces petites masses se disposaient en échelons par bandes horizontales, comme des choses posées sur une étagère invisible, — comme des choses et des êtres posés sur les étages d’une maison invisible…

Et, forcément, c’était cela. Bête que je suis de ne l’avoir pas deviné dès le début ! C’était le dépôt invisible de tout ce que les Sarvants avaient remonté de la Terre !

Mon fourgon inapercevable longea le rez-de-chaussée du monument pressenti. Ce rez-de-chaussée est occupé par un véritable bois, très bas, planté dans des carrés de terre qu’on a, pour sûr, amenée d’en bas, chargement par chargement. De la terre brune, disposée en carrés inégaux, épais. Des carrés qui sont