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BUCOLIQUES


bercés, elle s’assied et les regarde. Elle les tripote, les presse et les vide de la terre brune dont ils se nourrissent. Puis, de ses doigts déjà habiles à coudre, elle façonne, avec les vers, des bagues, des bracelets, des colliers et des cravates. Il ne semble plus que le ver se torde, c’est elle qui le noue et le dénoue à sa fantaisie.

Tantôt elle pétrit une pâte inerte, tantôt elle tire et le ver s’allonge et vit toujours.

Maintenant, c’est un petit fouet, qu’au bout de son bras nu qui sert de manche, Berthe fait tournoyer, plus vite, encore plus vite, jusqu’à ce que le petit fouet se rompe et perde sa mèche.