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quise par le traître[1]. Selon une tradition, il se tua[2]. Selon une autre, il fit dans son champ une chute, par suite de laquelle ses entrailles se répandirent à terre[3]. Selon d’autres, il mourut d’une sorte d’hydropisie, accompagnée de circonstances repoussantes que l’on prit pour un châtiment du ciel[4]. Le désir de donner en Judas un pendant à Achitophel[5] et de montrer en lui l’accomplissement des menaces que le Psalmiste prononce contre l’ami perfide[6] a pu donner lieu à ces légendes. Peut-être, retiré dans son champ de Hakeldama, Judas mena-t-il une vie douce et obscure, pendant que ses anciens amis préparaient la conquête du monde et y semaient le bruit de son infamie. Peut-être aussi l’épouvantable haine qui

    nécropole située au bas de la vallée de Hinnom remonte au moins à l’époque de Constantin.

  1. Act., i, 18-19. Matthieu, ou plutôt son interpolateur, a ici donné un tour moins satisfaisant à la tradition, afin d’y rattacher la circonstance d’un cimetière pour les étrangers, qui se trouvait près de là, et de trouver une prétendue vérification de Zacharie, xi, 12-13.
  2. Matth., xxvii, 5.
  3. Act., l. c. ; Papias, dans Œcumenius, Enarr. in Act. Apost., ii, et dans Fr. Münter, Fragm. Patrum græc. (Hafniæ, 1788), fasc. I, p. 17 et suiv. ; Théophylacte, In Matth., xxvii, 5.
  4. Papias, dans Münter, l. c. ; Théophylacte, l. c.
  5. II Sam., xvii, 23.
  6. Psaumes lxix et cix.