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mud ajoute que ce fut de la sorte qu’on se comporta envers Jésus, qu’il fut condamné sur la foi de deux témoins qu’on avait apostés, que le crime de « séduction » est, du reste, le seul pour lequel on prépare ainsi les témoins[1].

Les disciples de Jésus nous apprennent, en effet, que le crime reproché à leur maître était la « séduction »[2], et, à part quelques minuties, fruit de l’imagination rabbinique, le récit des Évangiles répond trait pour trait à la procédure décrite par le Talmud. Le plan des ennemis de Jésus était de le convaincre, par enquête testimoniale et par ses propres aveux, de blasphème et d’attentat contre la religion mosaïque, de le condamner à mort selon la loi, puis de faire approuver la condamnation par Pilate. L’autorité sacerdotale, comme nous l’avons déjà vu, résidait tout entière de fait entre les mains de Hanan. L’ordre d’arrestation venait probablement de lui. Ce fut chez ce puissant personnage que l’on mena d’abord Jésus[3]. Hanan l’interrogea sur sa doctrine et ses dis-

  1. Talm. de Jérus., Sanhédrin, xiv, 16 ; Talm. de Bab., même traité, 43 a, 67 a. Cf. Schabbath, 104 b.
  2. Matth., xxvii, 63 ; Jean, vii, 12, 47.
  3. Jean, xviii, 13 et suiv. Cette circonstance, que l’on ne trouve que dans le quatrième Évangile, est une forte preuve de la valeur historique de cet Évangile.