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que les Arabes appellent el-mogtasila, « les baptistes »[1]. Il est fort difficile de démêler ces vagues analogies. Les sectes flottantes entre le judaïsme, le christianisme, le baptisme et le sabisme, que l’on trouve dans la région au delà du Jourdain durant les premiers siècles de notre ère[2], présentent à la critique, par suite de la confusion des notices qui nous sont parvenues, le problème le plus singulier. On peut croire, en tout cas, que plusieurs des pratiques extérieures de Jean, des esséniens[3] et des précepteurs spirituels juifs de ce temps venaient d’une influence récente du haut Orient. La pratique fondamentale qui donnait à la secte de Jean son caractère, et qui lui a valu son nom, a toujours eu son centre dans la basse Chaldée et y constitue une religion qui s’est perpétuée jusqu’à nos jours.

Cette pratique était le baptême ou la totale immer-

  1. J’ai traité de ceci plus au long dans le Journal Asiatique, nov.-déc. 1853 et août-sept. 1855. Il est remarquable que les elchasaïtes, secte sabienne ou baptiste, habitaient presque le même pays que les esséniens, le bord oriental de la mer Morte, et furent confondus avec eux (Épiph., Adv. hær., xix, 1, 2, 4 ; xxx, 16, 17 ; liii, 1 et 2 ; Philosophumena, IX, iii, 15 et 16 ; X, xx, 29).
  2. Voir les notices d’Épiphane sur les esséniens, les hémérobaptistes, les nazaréens, les ossènes, les nazoréens, les ébionites, les sampséens (Adv. hær., liv. I et II), et celles de l’auteur des Philosophumena sur les elchasaïtes (liv. IX et X).
  3. Épiph,. Adv. hær., xix, xxx, liii.