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la religion de l’humanité. Bien au delà des confins de l’histoire, sous sa tente restée pure des désordres d’un monde déjà corrompu, le patriarche bédouin préparait la foi du monde. Une forte antipathie contre les cultes voluptueux de la Syrie, une grande simplicité de rituel, l’absence complète de temples, l’idole réduite à d’insignifiants theraphim, voilà sa supériorité. Entre toutes les tribus des Sémites nomades, celle des Beni-Israël était marquée déjà pour d’immenses destinées. D’antiques rapports avec l’Égypte, d’où résultèrent des emprunts dont il n’est pas facile de mesurer l’étendue, ne firent qu’augmenter leur répulsion pour l’idolâtrie. Une « Loi » ou Thora, très-anciennement écrite sur des tables de pierre, et qu’ils rapportaient à leur grand libérateur Moïse, était déjà le code du monothéisme et renfermait, comparée aux institutions d’Égypte et de Chaldée, de puissants germes d’égalité sociale et de moralité. Une arche portative, surmontée de sphinx[1], ayant des deux côtés des oreillettes pour passer des leviers, constituait tout leur matériel religieux ; là étaient réunis les objets sacrés de la nation, ses

  1. Comparez Lepsius, Denkmäler aus Ægypten und Æthiopien, VIII, pl. 245 ; de Rougé, Étude sur une stèle égypt. appartenant à la Bibl. impér. (Paris, 1858) ; de Vogüé, le Temple de Jérusalem, p. 33 ; Guigniaut, Rel. de l’ant., pl., no 173.