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devoir de visiter, pour leur instruction, cette Église, à laquelle, depuis la disparition de la première Église de Jérusalem, tous reconnaissent le prestige de l’ancienneté[1].

Parmi les Orientaux qui vinrent à Rome sous Anicet, il faut placer un juif converti nommé Joseph ou Hégésippe, originaire sans doute de Palestine[2]. Il avait reçu une éducation rabbinique soignée, savait l’hébreu et le syriaque, était très versé dans les traditions non écrites des juifs ; mais la critique lui manquait. Comme la plupart des juifs convertis, il se servait de l’Évangile des Hébreux. Le zèle pour la pureté de la foi le porta aux longs voyages et à une sorte d’apostolat. Il allait d’Église en Église, conférant avec les évêques, s’informant de leur foi, dressant la succession de pasteurs par laquelle ils se rattachaient aux apôtres. L’accord dogmatique qu’il trouva entre les évêques le remplit de joie. Toutes ces petites Églises des bords de la Méditerranée orientale se développaient avec une entente parfaite. À Corinthe, en particulier, Hégésippe fut singulièrement consolé par ses entretiens avec l’évêque Primus et avec les

  1. Εὐξάμενος τὴν ἀρχαιοτάτην Ῥωμαίων ἐκκλησίαν ἰδεῖν. Paroles d’Origène, dans Eusèbe, VI, xiv, 10.
  2. Eusèbe, H. E., IV, 22 ; saint Jérôme, De viris ill., 22 ; Chron. d’Alex., p. 262, édit. Du Cange.