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représente une espèce de cité des saints actuellement vivants, toujours gouvernée par Jésus. Il était reçu, en effet, que Jésus avait délégué ses pouvoirs à des apôtres, lesquels établirent les évêques et toute la hiérarchie ecclésiastique. L’Église renouvelle sa communion avec Jésus au moyen de la fraction du pain et du mystère de la coupe, rite établi par Jésus lui-même, et en vertu duquel Jésus devient momentanément, mais réellement, présent au milieu des siens. Comme consolation, dans leur attente, au milieu des persécutions d’un monde pervers, les fidèles ont les dons surnaturels de l’Esprit de Dieu, cet Esprit qui anima autrefois les prophètes et qui n’est pas éteint. Ils ont surtout la lecture des livres révélés par l’Esprit, c’est-à-dire la Bible, les Évangiles, les lettres des apôtres et ceux des écrits des nouveaux prophètes que l’Église a adoptés pour la lecture dans les réunions publiques. La vie des fidèles doit être une vie de prière, d’ascétisme, de renoncement, de séparation du monde, puisque le monde actuel est gouverné par le prince du mal, Satan, et que l’idolâtrie n’est autre chose que le culte des démons.

Une telle religion apparaît tout d’abord comme étant sortie du judaïsme. Le messianisme juif en est le berceau. Le premier titre de Jésus, titre devenu inséparable de son nom, est Christos, traduction