Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/156

Cette page a été validée par deux contributeurs.

jugement[1], fermaient également devant eux les portes d’une Église où la règle des chefs fut toujours une sorte de modération et d’opposition aux excès. La discipline ecclésiastique, représentée par l’épiscopat, fut le rocher contre lequel ces tentatives désordonnées vinrent toutes se briser.

On craindrait, en parlant plus longuement de pareilles sectes, d’avoir l’air de les prendre plus au sérieux qu’elles ne se prirent elles-mêmes. Qu’étaient-ce que les phibionites, les barbélonites[2] ou borboriens, les stratiotiques ou militaires, les lévitiques, les coddiens[3] ? Les Pères de l’Église sont unanimes pour verser sur toutes ces hérésies un ridicule qu’elles méritaient sans doute et une haine qu’elles ne méritaient peut-être pas. Il y avait en tout cela plus de charlatanisme que de méchanceté. Avec leurs mots hébreux souvent pris à contresens[4], leurs formules magiques, plus tard leurs amu-

  1. Épiph., xxvi, 15 ; Philastre, c. 57.
  2. Peut-être בארבע אלוה, ἐν τετράδι θεός.
  3. Épiph., Hær., xxvi, 3, 10 ; Philastre, c. 57 ; Théodoret, I, 13. C’étaient, ce semble, des ophites. Lipsius, Die Quellen der ælt. Ketz., p. 197-199, 223, note. Cf. Pistis Sophia, p. 233 (trad.), Matter, Hist. du gnost., pl. I. F, no 4 ; expl., p. 28.
  4. Irénée, I, xiv, xv, xvi, xxi, xxx, 5 ; Philosoph., V, 8, 26 ; Celse, dans Orig., Contre Celse, VI, 31, 32 ; Épiph., Hær., xxvi, 1 ; xxix, 20 ; xxxvi ; Pseudo-Aug., 16 ; Pistis Sophia, p. 223 et suiv. (trad.). Cf. Lucien, Alex., 13 ; Origène, Contre Celse, I, c. 22.