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Arrivons à nos projets, ma bonne Henriette. Je suis d’avis que tu avances, mais doucement, et surtout en ne présentant ma démarche que comme un délai à certaines personnes. Le fait est qu’il en est ainsi, et que s’il fallait faire un pas décisif en arrière, j’attendrais encore. Comment faire après cela, si des réflexions ultérieures amenaient un revirement ? Je n’accepterai jamais le parti que tu me proposes, d’une année d’études libres : Dieu sait s’il me plairait, envisagé en lui-même ; mais il me désolerait en songeant aux sacrifices qu’il t’imposerait.

Non, bonne Henriette ; je suis bien au séminaire, on y est plein d’égards pour moi. D’ailleurs j’y puis rester en conscience, puisque j’hésite seulement et que si tous les hésitants devaient en sortir, il serait bien désert. Un préceptorat ordinaire ne me plairait qu’autant qu’il m offrirait des avantages pour mon progrès intellectuel. Car tu comprends qu’il ne m’avancerait pas à grand’chose pour l’avenir. J’ai quelquefois songé à prendre mes grades ; quelques semaines me suffiraient pour le baccalauréat. Mais l’université ne me