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d’affreuses insultes ; leurs corps furent privés de sépulture, outrage inouï chez les Juifs.

Ainsi périt le fils du principal auteur de la mort de Jésus. Les Beni-Hanan restèrent fidèles jusqu’au bout à leur rôle, et, si j’ose le dire, à leur devoir. Comme la plupart de ceux qui cherchent à faire digue aux extravagances des sectes et du fanatisme, ils furent emportés ; mais ils périrent noblement. Le dernier Hanan semble avoir été un homme de grande capacité[1] ; il lutta près de deux ans contre l’anarchie. C’était un véritable aristocrate, dur parfois[2], mais grave, pénétré d’un réel sentiment de la chose publique, hautement respecté, libéral en ce sens qu’il voulait le gouvernement de la nation par sa noblesse et non par les factions violentes. Josèphe ne doute pas que, s’il eût vécu, il n’eût réussi à amener entre les Romains et les Juifs une composition honorable, et il regarde le jour de sa mort comme le moment où la ville de Jérusalem et la république des Juifs furent définitivement condamnées. Ce fut au moins la fin du parti sadducéen, parti souvent hautain, égoïste et cruel, mais qui représentait après tout la seule opi-

  1. Jos., B. J., IV, v, 2.
  2. Comp, Ant., XX, ix, 1, et B. J., IV, v, 2. Il y a dans ces passages quelque contradiction. Nul doute cependant qu’il ne s’agisse du même personnage (cf. B. J., IV, iii, 9).