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pays ont adopté leurs mœurs, observant avec scrupule leurs préceptes et tirant grand profit de l’adoption qu’ils ont faite de leurs lois nationales. En Égypte, ils sont admis à habiter légalement, et une grande partie de la ville d’Alexandrie leur est assignée ; ils y ont leur ethnarque, qui administre leurs affaires, leur rend la justice, veille à l’exécution des contrats et des testaments, comme s’il était le président d’un État indépendant. » Ce voisinage de deux éléments aussi opposés que l’eau et le feu ne pouvait manquer d’amener les explosions les plus terribles.

Il ne faut pas soupçonner le gouvernement romain d’y avoir trempé ; les mêmes massacres eurent lieu chez les Parthes[1], dont la situation et les intérêts étaient tout autres que ceux de l’Occident. C’est une des gloires de Rome d’avoir fondé son empire sur la paix, sur l’extinction des guerres locales, et de n’avoir jamais pratiqué le détestable moyen de gouvernement, devenu l’un des secrets politiques de l’empire turc, qui consiste à exciter les unes contre les autres les diverses populations des pays mixtes. Quant au massacre pour motif religieux, jamais idée ne fut plus éloignée de l’esprit romain ; étranger à toute théologie, le Romain ne comprenait pas la secte,

  1. Jos., Ant., XVIII, ix.