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qu’elle avait d’abord conservées, disparaissaient de jour en jour, et les provinces faisaient retour pur et simple à l’empire. Depuis l’an 6 après J.-C, la Judée fut gouvernée par les procurateurs, subordonnés aux légats impériaux de Syrie, et ayant à côté d’eux le pouvoir parallèle des Hérodes. L’impossibilité d’un tel régime se dévoilait de jour en jour. Les Hérodes étaient peu considérés en Orient des hommes vraiment patriotes et religieux. Les habitudes administratives des Romains, même dans ce qu’elles avaient de plus raisonnable, étaient odieuses aux Juifs. En général, les Romains montraient la plus grande condescendance à l’égard des scrupules méticuleux de la nation[1] ; mais cela ne suffisait pas ; les choses en étaient venues à un point où l’on ne pouvait plus rien faire sans toucher à une question canonique. Ces religions absolues, comme l’islamisme, le judaïsme, ne souffrent pas de partage. Si elles ne règnent pas, elles se disent persécutées. Si elles se sentent protégées, elles deviennent exigeantes, et cherchent à rendre la vie impossible aux autres cultes autour d’elles. Cela se voit bien en Algérie, où les Israélites, se sachant appuyés contre les musulmans, deviennent insupportables pour ceux-ci, et

  1. Se rappeler l’inscription découverte par M. Ganneau. Revue archéol., avril et mai 1872 ; Journal asiatique, août-sept. 1872.