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recueil les deux épîtres dont nous venons de parler[1].

Infiniment plus fortes sont les objections qu’on peut élever contre l’épître dite aux Éphésiens. Et d’abord, notons que cette désignation n’est rien moins que certaine. L’épître n’a absolument aucun cachet de circonstance ; elle ne s’adresse à personne en particulier ; les destinataires occupent dans la pensée de Paul moins de place que ses autres correspondants du moment[2]. Est-il admissible que saint Paul ait écrit à une Église avec laquelle il avait eu des rapports si intimes, sans saluer personne, sans porter aux fidèles les salutations des frères qu’ils connaissaient, et en particulier de Timothée, sans adresser à ses disciples quelque conseil, sans leur parler de relations antérieures, sans que le morceau présente aucun de ces traits particuliers qui forment le caractère d’authenticité des autres épîtres ? Le morceau est adressé à des païens convertis[3] ; or, l’Église d’Éphèse était en grande partie judéo-chrétienne. Quand on songe avec quel empressement Paul, dans toutes ses épîtres, saisit et fait naître les prétextes pour parler de son ministère et de sa prédication, on éprouve

  1. Épiphane, hær. xlii, 9.
  2. Remarquez le καὶ ὑμεῖς (Eph., vi, 21), en le rapprochant de Col., iv, 7.
  3. Eph., i, 11-14 ; iii, 11 et suiv. ; ii, 1 et suiv. ; iv, 17.