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chercher des liqueurs ? Il a bu presque tout un flacon de vodka puis s’est tué. Elle hurle : Dimitri, Dimitri. Les domestiques arrivent, se mêlent aux invités. Un chef de chez Rebattet domine la situation de son bonnet blanc.

Un homme propose de dépendre le cadavre. Les femmes battent des mains. Mme Blok, chancelante contre un mur, voit les invités qui s’agitent maintenant autour de Dimitri qu’on a déposé sur un canapé. Quand ils ont bien fait semblant de vouloir le rappeler à la vie, ils s’excusent et s’en vont. Non sans avoir partagé la corde. Dame, ça porte chance, et à l’arrivée du commissaire on ne trouvera plus le moindre bout de ficelle.

Pauvre Mme Blok. Tout de même on lui dit qu’en somme elle a eu de la chance, car si M. Blok n’était pas mort, avec son caractère et le goût immodéré de la vodka, qui sait, avec le vent de destruction et de rage qui souffle à travers le monde depuis plusieurs années, qui sait s’il ne serait pas devenu tout simplement bolchevik.

La paisible Mme Blok, la mère de Diane, se voit-elle avec un mari bolchevik ? Non, non, mieux vaut encore un suicidé, dans une famille, un suicidé ou un fou qu’un communiste. La faucille et le marteau ? Et M. Blok qui sans doute appelerait sa concierge camarade ?

Certes il eût été préférable que son mari choisît pour quitter cette terre un jour où personne ne dînait chez