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Cloupignon ? Diane, la comédie a déjà trop longtemps duré. Tu n’as pas encore deviné que j’en ai assez ce soir de nos mensonges.

— Il n’y a pas de mensonges. Il ne faut pas nous accuser. Tu ne m’as jamais menti, Pierre, je sais tout de toi.

— Tu sais tout. Pauvre fille. Moi en tout cas, j’en sais assez. Avec moi tu te moques de Cloupignon, et quand je ne suis plus là avec lui tu dois rire de moi. Dis, qu’est-ce que tu lui racontes pour le faire rire ?

— Pierre je t’en supplie.

— Tu lui dis que j’aime Bruggle. Et lui doit être tout fier, cet Auvergnat de penser qu’il va épouser une femme qui a de si curieuses relations. Si tu veux l’amuser fais-lui remarquer que les initiales de Pierre Dumont le prédisposaient à ces sortes d’aventures.

— Pierre, je t’en prie, on nous écoute.

— On nous écoute. Tu me ravis. Pour trois garçons de café, et deux gros bonshommes à moitié soûls qui peuvent nous entendre, te refuser à une explication nécessaire !...

— Une explication nécessaire ? Depuis le début du dîner, tu as cherché par tous les moyens à faire naître une querelle. D’abord tu m’as torturée par ton silence.

— Je t’ai torturée par mon silence, comme tu parles bien.

— Pierre, tu te moques, parce que tu sais que tu