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elle songe en faire des armes pour la défendre contre l’insolence de Pierre, et la méchanceté universelle. Mais, dans son désespoir, elle accepte la mort, l’appelle et déjà ce sont des fleurs qu’elle unit en couronnes, et les couronnes à leur tour deviennent des étoffes, des voiles dont elle se drape, statue du malheur conjugal devant Mme Blok qui ronge son mors, voudrait se lever, lui demander si elle va longtemps encore se moquer d’elle. Un peu plus et la paisible Mme Blok songerait à un ultimatum. Dites-moi de suite pourquoi vous ne pouvez obtenir le divorce, sinon…

Pas moyen, hélas ! de placer un mot, on lui dit qu’il ne faut pas être sévère. Si cette découverte doit servir de conclusion à l’exposé des théories métaphysiques et morales, le récit tant attendu va peut-être enfin commencer.

Mme Blok est pour une conclusion. N’importe laquelle. Donc joyeuse :

— Il ne faut pas être sévère.

— D’accord, mais il y a des limites, reprend l’infatigable Mme Dumont-Dufour. Ainsi M. Dumont ne s’est-il pas livré à des excès tels que pour désavouer un être dont du reste sa femme ne s’est jamais sentie, même au temps de la lune de miel, tout à fait solidaire, au nom que la loi l’oblige de porter, elle a joint (comme pour le diminuer d’autant) celui, combien plus honorable, de feu son père, le président Dufour.