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que j’étais tout le temps avec elle pour l’aider, quand on voudra savoir qui est-ce qui a été à la sirope.

Elle a apporté un gros paquet de bouwaye sur son épaule et elle étend les affaires sur les herbes en les mettant bien droit, et il ne reste que des tout petits chemins verts entre les linges tout mouillés. Je voudrais tant marcher dans ces petits chemins-là, comme des plates-bandes, mais Trinette ne veut pas.

— Ni v’nez nin trop près savez là, avou vos mâcis pis, atou di m’bouwaye, vireux qui v’ s’estez !

Je galope autour des linges étendus, et je passe tout près pour la faire embêter. Même que j’ascohe les manches de chemise de mon oncle et des camisoles de ma tante. Ces affaires-là on l’air si drolle, toutes larges et courtes ; c’est comique et je rie tout seul, pendant que Trinette ne sait pas pourquoi et qu’elle croit que c’est d’elle.

— Tchessiz pu vite les poyes eri d’chal, qu’elle crie, el plèce dê fer l’esbaré comme oncque qui r'vint d’à Lollâ !

Alors je chasse les poules qui veulent toujours venir faire des sales pattes sur le beau linge ; je les chasse si bien qu’elles ont le temps de tourner et de revenir du côté de la bouwaye ; je le fais un peu exprès, et voilà