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devant le herna tout près. Je ne bouge pas, moi, et je vois mon oncle qui se fait tout petit dans la baraque avec ses deux mains sur le petit bois du séchant tout prêt à tirer Il tûtelle tant qu’il peut avec ses appelles, mais les lignerous restent dans la steule. Et j’entends aussi le lignerou de la prihnîre qui crie et les ceux de la steule qui répondent ; sans doute que notre lignerou leur dit de prendre garde. Car voilà mon oncle qui me fait signe de marcher doucement pour faire lever les oiseaux qui ne veulent pas aller dans le herna. Mais à peine que j’ai fait un pas, les lignerous se lèvent assez haut et passent juste au-dessus du herna pendant que mon oncle tire vite.

Je vois les deux pièces faire vite clip clap ; c’est comme un petit nuage brun qui sortirait de terre et rentrerait dedans.

Mon oncle se rafiait tant sans doute qu’il a tiré de toutes ses forces ; il a cassé le séchant à la fourche, et je vois qu’il fait un grand couperou en arrière dans la baraque avec la corde entre ses jambes.

Je cours vers le herna, comme on fait toujours, mais les lignerous sont déjà bien loin, tout petits comme des boules qui dansent sur un jet d’eau. On ne les voit presque plus ; et notre lignerou saute tant qu’il peut dans sa prihnîre, comme s’il était content que les autres ne sont pas pris. C’est lui, allez, qui leur aura dit de ne pas venir dans les navais du herna pour se faire prendre !