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plus. Ce n’est pas son vrai nom, Groubiotte, je crois. C’est parce qu’il a une bosse dans le cou, à la hanette, qu’on l’appelle comme ça, et il tient sa tête de côté comme pour se moquer. Il rie toujours et il est accropou tout le temps devant sa maison, près de la rigole, à fumer une toute courte pipe noire qui a du fil blanc tourné autour du tuyau, et que la fumière lui vient dans le nez.

I n’ouveure pu pace qui dit qu’a co des doleurs è vinte dispoye qu’a stu pris divins on côp d’aiwe à l’houyi et qu’on li fait ine rinte, dit mon oncle.

C’est lui qui doit avoir été happer tout un gros pot de beurre chez le curé, et qu’il l’a mangé tout seul sans pain ni rien, que pendant huit jours il avait tout le temps son menton et ses mains déplaquées et tout gras. « C’est dè cèrat, qu’il disait, pace qui ji m’a digretté divint les ourteyes. »

Des autres fois on voit des plumes dans la horotte, près de chez lui, et alors on raconte qu’il a encore un coup été marauder une poule ou l’autre dans les prairies. Et quand on lui dit : « Hie, Groubiotte, a co surmint bé fait dè vint ciss nutte po qu’les plomes di poye vinesse ainsi è voss horotte, » alors il répond : « Surmint n’èdon ! » et il ôte sa petite pipe hors de sa bouche pour mieux rire.

Mais moi j’ai dit une fois à ma tante :

— Puisque c’est des voleurs, Groubiotte et Gigot, pourquoi est-ce que les gendarmes ne viennent pas les chercher ?