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pour réchauffer ses mains dans ses poches, qu’il dit.

Puis il tire sa casquette dans sa tête en frottant des petits coups avec la penne sur son front, et il s’en va en répétant cinq ou six fois Bonne nutte, bonne nutte, comme s’il grognait.

Mon oncle allume une petite lanterne où on ne met jamais qu’une demi-chandelle qui coule de tous les côtés, puis il souffle la lampe.

Voilà qu’il fait presque tout noir, la place, les gens et les meubles ont l’air tout changé et j’ai peur. Et je ne veux pas aller dormir sans lumière comme ma tante, j’aime mieux aller avec mon oncle et la lanterne pour fermer les portes à clef.

Voilà ma tante qui remonte l’horloge ici, à côté dans l’autre place ; elle tire les chaînes et ça fait un bruit, crrrrr, comme une bête qui va mordre, et il me semble que le grand balancier avec son rond jaune de cuivre frappe toujours plus fort et plus fort, comme si l’horloge vivait quand il fait nuit, et que…

J’ai peur. Ma tante monte lentement l’escalier, et j’entends d’ici que chaque gré crie autrement. C’est des vieilles planches, mais du jour, je crois qu’on entend rien. Alors, la nuit, les grés crient comme s’ils avaient mal. Qu’il est long l’escalier ; je ne sais plus si ma tante monte ou descend parce que les grés, il me semble, wignent toujours plus fort. J’ai si peur !

Mon oncle ferme les volets et il met la