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quelque part. Pour conſerver leur Colonie dans le Maragnan, ils conſeillent à leurs Sujets d’aſſaſſiner tous les Blancs, & de leur couper la tête, & ils leur en donnent l’abſolution. Pour ſe rendre maîtres de celle du Cap, ils protegent les empoiſonneurs, & menacent les coupables de la damnation éternelle s’ils révelent leurs complices. On les ménage parce qu’on craint qu’ils n’excitent une révolte. On les ſoupçonne d’autant plus, que dans cette multitude effroyable de Negres qui ont péri par le poiſon, on remarque qu’ils n’en ont pas perdu un ſeul. Eux & leurs Negres ſont ſeuls en ſûreté. La conſéquence n’eſt pas difficile à tirer.

Extrait d’une Lettre écrite du Cap François le 24 juin 1758.

Nous ſommes ici, Monſieur, dans une conſternation générale, perpétuellement entre la vie & la mort. Le récit de notre situation vous fera horreur. Au mois de janvier dernier on a arrêté au quartier de Limbé, qui eſt à cinq lieues d’ici, François Macandal, Negre, eſclave de M. le Tellier, habitant de cette Colonie, qui étoit marron (fugitif) depuis dix-huit ans. Le jour il ſe retiroit dans les montagnes, & la nuit il venoit dans les habitations voiſines, où il avoit correſpondances avec les Negres. Ils compoſoient enſemble différens poiſons, que