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CHAPITRE TROISIÈME

chikoff. C’était un emploi tout nouveau que l’Empereur créait ainsi pour son fils dans le but de le rendre plus capable de bien remplir la haute charge dont il était déjà revêtu.

Le grand-duc héritier partit avec la grande-duchesse, sa femme, née princesse de Hesse, pour Darmstadt. Il était accompagné du prince Albert de Saxe, qui avait reçu avant de quitter Pétersbourg les épaulettes de général russe avec le commandement honoraire d’un régiment de chasseurs de l’armée.

Un accident, qui aurait pu avoir les suites les plus graves, arriva au milieu de la Baltique sur un bâtiment à vapeur de la marine impériale qui conduisait le prince de Prusse à Stettin. L’axe qui faisait mouvoir les roues s’étant rompu, on n’eut plus pour marcher d’autre moyen que de recourir aux voiles ; mais l’incapacité ou l’inexpérience du capitaine et des marins fut telle qu’ils ne surent pas s’en servir. Le bâtiment n’étant plus dirigé se trouva pendant toute une journée à la merci des vagues, et il allait faire naufrage sur les côtes de l’île de Gottland, lorsque le grand-duc héritier de Russie, qui se rendait également à Stettin, vint à passer et put prendre à son bord son cousin le prince de Prusse.

Ce fait prouvait non seulement l’inexpérience des marins russes à cette époque, mais aussi leur peu