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entre États indépendants, ayant leur souveraineté propre, s’équilibrant autant que possible, et non point l’unité qui placerait l’Italie sous la domination et le gouvernement d’un seul de ces États, le plus puissant de tous[1]. »

Ce que la République de 1848 s’était refusée à faire, le nouvel empereur se laissa entraîner à l’accomplir en plusieurs étapes, ne mesurant sans doute pas d’avance la route qu’on lui faisait parcourir. Il y fut encouragé au début par ceux qui, quelques années plus tard, le renversèrent et le couvrirent d’outrages. Son tort fut de mettre au service d’intérêts qui n’étaient pas des intérêts français : l’or, le sang et l’influence de la France. Et cependant en exil, à Arenenberg, il écrivait le 14 décembre 1835 : « Je sens que, habitué dès mon enfance à chérir mon pays par-dessus tout, je ne saurais rien préférer aux intérêts français. »

Le deuxième volume des Souvenirs de M. de Reiset s’arrête au moment où l’Empereur quitte les Tuileries pour prendre le commandement de l’armée d’Italie. Ce prince faible et bon embrassa, les larmes aux yeux, son fils dont il allait sacrifier l’héritage. Personne n’entrevoyait alors les consé-

  1. Les Débuts de l’indépendance italienne, par le comte de Reiset, p. 177.