Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 2.djvu/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
57
CHAPITRE DEUXIÈME

qu’à Paris on trouverait certainement les termes les plus convenables pour ne pas effrayer l’Europe en lui annonçant un si grand événement.

Cette conversation, entrecoupée de réticences, n’avait à mon sens d’autre signification que celle-ci La Russie acceptera le fait accompli pourvu que le nouvel empereur déclare d’une manière explicite, en montant sur le trône, reconnaître tous les articles du traité de 1815 qui ont rapport aux limites actuelles des États de l’Europe.

Après avoir exprimé à M. de Kisselef combien j’étais charmé d’apprendre les bonnes dispositions de l’Empereur, je lui dis que comme le but de nos deux gouvernements était le même, c’est-à-dire le bien, l’ordre et la stabilité, il ne serait pas difficile de s’entendre et de marcher de concert.

Enfin, M. de Kisselef termina ainsi :

« Tout ce que je viens de vous dire, j’aurais été heureux de pouvoir l’exprimer à M. Drouyn de Lhuys, car j’aime la France, où j’ai si longtemps vécu, et c’est pour cela que je désire tant qu’on évite tout ce qui pourrait altérer les bonnes relations entre nos deux pays. »

Un de mes amis, attaché à la direction politique au ministère des affaires étrangères, m’écrivait de Paris, le 15 octobre 1852 :