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MES SOUVENIRS

selrode, je n’eus qu’à me louer de son accueil. J’aime beaucoup les jeunes diplomates me dit-il.

Je tins à prouver que ma jeunesse n’excluait pas la fermeté. Un Français, nommé Le Turc, au service du riche banquier Stieglitz, le Rothschild de la Russie, avait été jeté dans un cachot de Cronstadt. Ayant appris que la seule faute dont on l’accusait était d’avoir courtisé une femme de la maison de son maître, et que son arrestation n’avait eu lieu que par pure complaisance de la police envers M. Stieglitz, je me rendis immédiatement chez le général Dubelt, adjoint au chef de la police générale, pour demander sa mise en liberté qui avait été jusqu’alors inutilement réclamée par sa famille.

Le général Dubelt m’ayant reçu en me faisant des démonstrations que je ne croyais pas sincères, je lui dis aussitôt qu’avant de serrer la main qu’il me présentait je voulais savoir ce qu’il comptait faire à l’égard d’un de mes compatriotes injustement incarcéré.

Je lui déclarai en même temps que la légation ne souffrirait jamais qu’un Français fut traité comme un moujik (que le premier maître venu peut, dans ce pays, faire emprisonner et fouetter de verges), et que j’exigeais par conséquent l’élargissement de cet individu avant la fin du jour.