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MES SOUVENIRS

Après le départ du général de Castelbajac, l’ambassade de France était composée du comte Aloys de Rayneval, frère de l’ambassadeur de France à Rome, et de M. Camille Dolfus, tous deux loyaux, bons et spirituels camarades. Notre entente était parfaite. Chaque soir, après le dîner, nous allions aux Îles, unique et fort agréable promenade des environs de Pétersbourg. Elles forment comme un immense jardin anglais. Une des principales de ces îles, entourées par les bras de la Newa, est l’île Jélaghine, remplie de charmantes villas dont l’une appartenait à l’Impératrice. La mode est d’y aller en voiture découverte, attelée à la russe et conduite avec une rapidité extraordinaire par un moujik. Le rendez-vous mondain est à la pointe de cette ue, qu’on désigne par ces simples mots : la Pointe. On s’arrête, on cause d’une voiture à une autre, on descend pour se promener jusqu’à la mer et pour voir à vingt minutes de là les pêcheurs lever leurs filets. Une grande attraction est l’achat de leur pêche avant que les filets soient sortis de la mer. On paye environ quatre ou cinq roubles (de 16 à 20 francs). Quelquefois, le filet renferme cinq ou six gros saumons, mais quelquefois aussi il ne ramène rien du tout. Ce jeu passionne ceux qui y prennent part.

Il y avait à l’île Jétaghine un théâtre français où