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MES SOUVENIRS

à Paris un grand mouvement de troupes. Un de mes amis rencontra trois soldats qui avaient bu à leurs futurs succès. L’un d’eux, plus lancé que les autres et ne comprenant rien à la politique et aux événements qui se préparaient, dansait le cancan en criant : « Nous allons bientôt rosser ces diables de Piémontais. » – « Quelle tripotée nous allons leur donner ! » disaient les deux autres. Deux de mes beaux-frères, MM. de Sancy de Parabère, faisaient partie de l’expédition. L’un était déjà à Gènes, au 2e régiment étranger ; l’autre, Gaston de Sancy[1], était à Tours, au 6e hussards (colonel Valabrègue), et il s’apprêtait à partir. Le 23 avril, ma belle-mère, désirant se rendre à Tours pour embrasser son fils avant son entrée en campagne, demanda à l’Impératrice si elle savait par l’Empereur à quelle époque le régiment Valabrègue quitterait cette ville. « Je le demanderai à l’Empereur, dit l’Impératrice, et s’il doit partir très prochainement, je vous engagerai à ne pas attendre la fin de votre semaine pour aller embrasser votre fils. » Il se passa alors un incident par lequel le maréchal Vaillant, ministre de la guerre, donna contre lui prise aux hostilité qui le guettaient à la cour.

Le maréchal, dont le patriotisme avait été mis à l’épreuve pendant la guerre de Crimée, craignait

  1. Plus tard, lieutenant-colonel de cavalerie.