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MES SOUVENIRS

sa conversation avec Cavour qui a été reproduite dans les journaux. Cavour lui avait dit : « Monsieur le baron, si je me retire du ministère, il y aura une hausse de trois francs, n’est-ce pas ? » – « Vous êtes trop modeste, lui répondit Rothschild, vous valez mieux que cela. » Le puissant financier était loin de s’attendre à ce que ses paroles fissent le tour de l’Europe. Le comte de Cavour alla immédiatement les répéter à MM. Laffitte et à bien d’autres, accusant Rothschild d’être venu chez lui pour lui tirer les vers du nez. « Ai-je besoin de M. de Cavour pour être au courant des nouvelles ? me dit le baron de Rothschild. Il n’a répété mon mot que pour se hausser davantage encore dans l’esprit des Italiens. Il est toujours le même, rempli d’orgueil et de vanité. Il aime à se faire encenser par son entourage. Azeglio est tout autre ; c’est un homme droit et honnête, celui-là. »

Le comte Camille de Cavour avait un compte ouvert à la maison Rothschild. Ayant à y prendre quelque argent pendant qu’il était à Paris, il écrivit au baron : « Quoique vous ayez refusé de l’argent pour notre dernier emprunt en Piémont, j’espère que vous ne m’en refuserez pas pour dîner pendant mon séjour à Paris. »

La rupture avec l’Autriche était imminente. Le