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CHAPITRE TREIZIÈME

cette lettre, céda. « Il paraît que Walewski tient bien à son article, dit-il. Qu’il l’imprime tel qu’il est, je m’y tiens pas autrement. » Napoléon III voulait habituer la France à l’idée d’une guerre en Italie contre les Autrichiens, et il désirait cette guerre tandis que le comte Walewski faisait tout ce qui dépendait de lui pour l’éviter.

Le désaccord entre l’Empereur et son ministre était tel que, le 9 mars 1859, Napoléon III écrivait à ce dernier

« Pour que notre entente cordiale soit durable, il faut que tout soit bien concerté entre nous et que tout ce qui sort du ministère des affaires étrangères ait bien mon cachet… Mon estime finirait par s’évanouir, et, fort de mon amour pour tout ce qui est grand et noble, je foulerais aux pieds la raison même, si la raison prenait le manteau de la pusillanimité. Quoique je dise le contraire, j’ai profondément gravés dans le cœur les tortures de Sainte-Hélène et les désastres de Waterloo ; voilà trente ans que ces souvenirs me rongent le cœur ; ils m’ont fait affronter, sans regret, la mort et la captivité ; ils me feraient affronter, ce qui plus est encore, t’avenir de mon pays. »

Le 17 avril, je passai la soirée chez le ministre ; le baron de Rothschild s’y trouvait. Il nous a raconté