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MES SOUVENIRS

rien gagné diront : « Ce sera notre tour plus tard. » Mais il ne faut pas s’y tromper, tout ceci ne saurait finir par une déception. Vous comprenez qu’il y a en Italie une grande anxiété et quelque méfiance aussi. Voici le thème que j’ai adopté et que depuis Turin j’ai répété partout : « Non so se savà pace o guerra ; non so cosa si guadagnerà precisamentè, ma sono certo che in niente tutto queston non finisce[1]. » On pourrait répondre que cette promesse est bien vague, et pourtant pas un qui ne s’en soit montré satisfait ! Je prêche avec soucis la modération, montrant ! a différence qui existe entre 1848 et 1859. Alors chaque État agissait isolément au milieu du désordre général ; aujourd’hui l’Europe organisée jouant une grande partie avec toutes ses forces morales comme matérielles, sous la pression des intérêts généraux et de l’opinion publique, j’en tire la conséquence que notre plus grand intérêt à nous consiste à en obtenir le suffrage ; nous l’avons perdu, dis-je à tout le monde, par la mort de Rossi et la fusillade du Quirinal. Sachons le regagner par notre modération, par notre sagesse à ne pas vouloir l’impossible et par notre énergie à réprimer les mauvaises passions du parti démagogique. Eh bien ! à ces idées nouvelles,

  1. Je ne sais si ce sera la paix ou la guerre ; je ne sais pas ce qu’on gagnera précisément, mais je sais que tout cela ne finira pas en rien.