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CHAPITRE DOUZIÈME

donc et je vais d’abord vous exposer quelques idées sur ce qu’il y aurait de possible dans une reconstitution des États italiens. Elle peut arriver de deux manières par la guerre comme par les négociations. Dans le premier cas, le champ du possible s’étend indéfiniment, et je pense que pour le moment on peut se borner à établir certaines données desquelles, à mon avis, on ne devrait pas s’écarter. L’Italie est constituée, comme nation, en trois races d’une origine bien distincte. La vallée du Pô jusqu’à Bologne, même Ancône, est peuplée par les descendants des envahisseurs venus du nord avant la fondation de Rome. Depuis l’Apennin jusque Rome, c’est les anciens Tirreni, les Pelasgi, les Etrusci. Depuis Rome jusqu’à Reggio, la race est phénicienne, grecque, etc. : c’est toujours la Magna Grecia avec son caractère et ses traditions. Prenez ces divisions comme à peu près, bien loin de l’exactitude scientifique. Telles que je vous les présente, elles suffisent pourtant, à mon avis, pour signaler les différences essentielles qui existent entre les populations de la Péninsule et pour établir la convenance qu’il y aurait à faire passer dans le principe politique une division résultant de la nature des choses. Quant à la Sicile, que j’ai étudiée et visitée trois fois, je suis convaincu que jamais une annexion ne réussira ; les Siciliens s’y refuseront toujours, et il