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CHAPITRE DOUZIÈME

pour la tenter, et jusque-là on ne saurait l’en blâmer ; mais cette occasion ne se présentant pas assez vite au gré de ses désirs, il dirige tous ses efforts pour la faire naître. Par le retentissement de sa tribune et de sa presse il a entretenu l’agitation dans le reste de l’Italie, au risque de la faire éclater dans son propre sein, par une attitude hautaine, agressive, vis-à-vis de l’Autriche et des gouvernements de la Péninsule. Le parti qui domine depuis dix ans en Piémont a espéré ou déterminer une explosion chez leurs sujets, ou pousser à bout la patience des cabinets de Vienne et de Naples, provoquer ainsi de leur part l’initiative de la guerre. Or, dans l’une ou l’autre de ces éventualités, il comptait sans doute sur le concours de l’Angleterre et de la France, ou tout au moins de l’une de ces deux puissances pour arborer de nouveau l’étendard de l’indépendance d’une confédération italienne.

« Supposons maintenant que pour les affaires des provinces danubiennes ou pour celles de l’Italie la France ait déclaré la guerre à l’Autriche, et examinons quelle serait la position de la France dans cette hypothèse. La Russie et la Prusse ne seraient peut-être pas fâchées de cette guerre l’une pour des motifs de vengeance, l’autre pour des motifs de rivalité ; mais elle ne serait certainement pas vue du