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CHAPITRE DOUZIÈME

et de la violence qu’elle s’était créée et de resserrer davantage le seul lien qui l’attachât à l’Italie, celui de la force. Plus ce lien est devenu étroit et plus l’Italie éprouve le besoin de le briser, plus elle sent qu’elle ne peut être tranquille et heureuse qu’elle n’en soit entièrement délivrée.

« Mais comment secouer ce joug ? Jusqu’ici tous les efforts que l’Italie a tentés dans ce but ont été vains, tous les secours sur lesquels elle a compté tour à tour lui ont fait faute au moment suprême. Le carbonarisme constitutionnel a échoué en 1821. Le radicalisme unitaire trouble depuis trente ans l’Italie sans avoir jamais produit autre chose que de misérables et ridicules échauffourées, presque aussitôt étouffées qu’entreprises. Le fédéralisme de 1848 n’a pas eu de succès durables. La guerre de cette époque, commencée dans les circonstances les plus favorables et sous les plus heureux auspices, a tourné contre ses auteurs ; elle n’a servi qu’à rendre plus pesants les fers qu’il s’agissait de briser et à replacer sous l’influence autrichienne tous les États d’Italie, à l’exception du Piémont. Celui-ci même n’est parvenu à y échapper que par l’appui qu’il a trouvé auprès de la France.

« L’Italie a donc essayé de toutes les combinaisons possibles pour écarter par ses propres forces le joug