Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 2.djvu/399

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
389
CHAPITRE DOUZIÈME

donné la mission de le modérer et de le conduire, elle aurait pu y puiser un nouvel élément pour sa propre force et sa propre grandeur. En accordant, suivant ses promesses, au royaume lombarde-vénitien un régime semblable à celui que lui avait fait la France, non seulement elle se serait concilié son affection, mais elle aurait encore vu se tourner vers elle les sympathies du reste de l’Italie, elle serait devenue le point de mire de ses aspirations les plus généreuses, comme l’avaient déjà été au moyen âge quelques-uns des empereurs d’Allemagne ; la révolution n’ayant pas pour prétexte et pour levier le sentiment national n’aurait pas eu de raison d’être et n’aurait pas si souvent agité l’Italie, ou si quelque mouvement s’y fut néanmoins produit, c’eût été probablement au profit de l’Autriche. Celle-ci se serait vue amenée par la force des choses à constituer elle-même une confédération italienne, dont elle aurait tenu les rênes et qui lui aurait merveilleusement servi plus tard pour ressaisir celles de la confédération germanique, prêtes à lui échapper. Au lieu d’embrasser cette noble politique, elle a préféré celle qui consistait d’un côté à absorber la Lombardie-Vénétie dans l’individualité autrichienne et à la séparer à jamais du reste de l’Italie en tâchant de la faire entrer dans la confédération germanique, et d’un autre