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CHAPITRE DOUZIÈME

était le seul indice qui constatât encore l’existence d’un royaume lombarde-vénitien. Si l’Autriche en était restée là, si elle avait usé à l’égard de ses sujets italiens de la même balance qu’à l’égard de ses autres sujets, si elle les avait admis dans de justes proportions aux emplois élevés de la cour, de la diplomatie, de l’armée et de la magistrature ; si elle avait dépensé dans leur utilité une part convenable des impôts qu’elle en percevait ; si, en un mot, elle les avait traités comme ils avaient droit de l’être, il est probable qu’ils se seraient à peu près habitués à sa domination et qu’ils auraient à la longue préféré au titre de citoyens italiens, qui n’aurait plus été pour eux qu’un vague souvenir historique, la qualité de sujets autrichiens qui leur assurait la jouissance de tous les avantages inhérents à un grand et puissant empire. Mais loin de là, quand elle eut mis assez de soldats en Lombardie, qu’elle y eut fortifié assez de places pour se croire en mesure de parer à toutes les éventualités, elle ne garda plus aucun ménagement envers elle et finit d’une exigence à l’autre par la traiter vraiment en pays conquis. Alors, par l’organe de son premier homme d’État, elle disait tout haut ce mot devenu si célèbre « L’Italie n’est qu’une expression géographique. » Mot imprudent qui donnait la juste mesure des sympathies de l’Autriche pour l’Italie et des vues