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MES SOUVENIRS

13 février, que je croyais de nature à l’intéresser. « Je la lirai avec plaisir, ainsi que votre mémoire sur l’Italie, me répondit l’Empereur. Que contient ta lettre d’Azeglio ? » – « Il assimile l’Italie à vingt-cinq millions de cadavres qui, si on les enterrait, donneraient la peste aux alentours. » L’Empereur sourit, et tortillant sa moustache : « C’est bien cela, dit-il d’un ton triste, il y a là beaucoup à faire ! » Je lui ai parlé de mon désir de continuer à le servir dans les affaires d’Italie. « Vous savez, Sire, combien d’années j’ai passé en Piémont et la part que j’ai prise aux événements de 1848. » – « Oui, certainement, je le sais. » – « Ne m’oubliez donc pas lorsque le moment sera venu de vous servir utilement en Italie, en cherchant à mettre à exécution la grande pensée politique de Henri IV, la confédération italienne qui devrait avoir pour président le Souverain Pontife. Je ne sors pas de là ; c’est seulement à ce projet que je voudrais concourir dans l’intérêt de la France, de l’Italie et de l’Empereur lui-même. Le reste, c’est la révolution en Europe elle amènerait un état de guerre sans fin et l’établissement de la République partout. » – « Je vous le promets. » – Nous parlâmes aussi de Cavour et de Rosine, ayant l’un et l’autre, à des points de vue bien différents, une grande influence sur la situation intérieure du Pié-